Conférence de presse de Mme Michelle Rubirola, Jean Marc Coppola et Benoit Payan pour le Printemps Marseillais
le 06/05/2020
Nous voulons une présentation des dispositifs école par école.
Alors que la réouverture des écoles est prévue pour dans moins d’une semaine, les personnels éducatifs et les parents d’élèves sont désemparés. Ils s’inquiètent pour leur santé, celles des enfants et de leurs familles. Et pour les parents, l’Etat et les collectivités les renvoient à leur propre responsabilité, se désengageant par la même en appelant au volontariat.
Le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin nous dit que les écoles sont prêtes. Nous sommes inquiets.
Le Printemps Marseillais alerte sur la situation préoccupante à Marseille et demande à ce que toutes les conditions sanitaires soient garanties et publiées pour permettre cette rentrée en toute sécurité et transparence.
Pour cela la Ville de Marseille se doit d’être organisée et mettre les moyens. A ce jour, rien n’indique que c’est le cas.et de rassurer les parents, les personnels sur cette rentrée. L’école est une des clés de voûte de notre république, un ciment de notre société. Sans elle impossible d’imaginer une émancipation par le savoir.
La réouverture des écoles est la première étape du déconfinement avec tous les risques que cela comporte. Aujourd’hui les propositions du gouvernement ont vocation à rouvrir les écoles pour faire une “garderie” pour permettre le retour au travail des parents et la relance de l’économie. Cela est certes une préoccupation pour nous aussi mais cela ne peut se faire à n’importe quel prix.
L’Etat ne peut se dédouaner de cette décision en renvoyant toute la responsabilité vers les mairies sans s’assurer du bon respect des consignes, sans donner les moyens et en laissant les parents et les personnels désemparés face à une situation inédite. Le gouvernement ignore ou nie la réalité et la diversité de ses territoires en se défaussant ainsi.
La mise en place de conditions sanitaires strictes ne peut se faire du jour au lendemain en particulier dans une ville comme Marseille. Nous souhaitons que les services municipaux aient le temps d’adapter les locaux, de mettre en place les dispositifs nécessaires.
Dans notre ville c’est plus de 3450 classes dans 470 écoles qui vont devoir progressivement ouvrir. Nous ne connaissons que trop l’état de ces écoles. Avant même la crise du coronavirus, nous avons signalé à de nombreuses reprises que le sous-investissement de la Mairie dans nos écoles avaient des conséquences désastreuses. Cette situation n’a pas changé : absences de points d’eau, sanitaires pas adaptés, manque de personnel.
Nous savons que le personnel éducatif est dévoué et fera son maximum. Nous avons consulté les différents corps impliqués car ce sont eux qui, en première ligne, connaissent la situation réelle des établissements et les efforts nécessaires pour garantir une réouverture dans de bonnes conditions. Ce sont eux qui sont aussi en capacité de juger de la possibilité de reprendre. Nous avons partagé ces constats et ces propositions avec la Mairie.
En effet pour que l’accueil des enfants soit possible, les conditions suivantes ne doivent être pas simplement être promises, elles doivent être impérativement effectives le 11 mai :
– Réunion des conseils d’école au préalable
Les conseils d’école doivent être réunis au préalable par la mairie par visioconférence pour avancer en toute transparence sur les conditions de la réouverture de chaque école prise une par une.
– Sans points d’eau ni savon pas d’ouverture
Aucune école ne doit ouvrir si elle ne possède pas des points d’eaux suffisants, du savon de Marseille, des serviettes à usage unique pour que le lavage des mains puisse avoir lieu fréquemment.
– Désinfection et nettoyage des locaux préalable et quotidien
Ils devront se faire avant tout préalable et devront être faits régulièrement par des personnels protégés et équipés du matériel adapté
– Du matériel de protection pour le personnel et les enfants
L’ensemble du personnel doit pouvoir disposer de masques, de sur-blouses, enseignants comme agents territoriaux, ainsi que les enfants en fonction de leur âge. Dans l’ensemble des établissements, et plus particulièrement dans les crèches, des thermomètres devront être opérationnels.
– Une cantine gratuite et sécurisée
Pour la cantine, il faut fournir des plateaux repas et offrir la gratuité de la cantine pour toutes les familles jusqu’à la fin de l’année
– Dépistage systématique et réguliers du personnel
Ce dépistage systématique et réguliers de l’ensemble des personnels doit être un préalable à la reprise des cours
– Gestion des flux d’entrée et de sortie
La marie doit organiser la présence du personnel suffisant devant les établissements à l’ouverture et à la sortie et dans l’école
Le Maire de Marseille affirme que tout ceci est en place pour le 11 mai, nous affirmons que cela n’est pas vrai.
Un accueil priorisé des enfants aurait été la bonne solution pour répondre aux besoins et permettre la préparation de la réouverture des écoles dans de bonnes conditions : les enfants qui connaissent les conditions de confinement les plus difficiles, ceux qui vivent actuellement dans la précarité, ceux qui sont en rupture avec l’enseignement, ceux dont les parents ont dû travailler pendant toute la période de confinement, les soignants notamment et ceux dont les emplois dépendent d’une reprise.
Benoît Payan a porté ses revendications au sein de la cellule de crise mise en place par la mairie. C’est un espace au sein duquel il a porté des propositions qui ont pu voir le jour durant ce confinement, notamment la réouverture de la cantine centrale pour les familles en difficultés. Dans cette période de crise, il était de sa responsabilité d’élu de permettre de faire avancer la situation pour amortir les conséquences pour les Marseillais, nous n’avons pas choisi la polémique. En revanche, si les décisions s’avèrent à l’encontre de l’intérêt général, il est de notre responsabilité de le porter à la connaissance des Marseillaises et des Marseillais. Il a donc décidé de quitter la cellule de crise suite à l’annonce du Maire de la réouverture des écoles, au moment même où 300 maires de France s’adressent au Président pour dénoncer une réouverture des écoles à marche forcée.
Nous ne pouvons pas nous contenter de “marquage à la rubalise” et d’à peu près. Nous savons que la distanciation physique est un enjeu majeur très complexe avec des enfants s’il n’y a pas l’encadrement humain adéquat.
Notre inquiétude est légitime quand les préconisations du Conseil scientifique demande un service à table de la cantine et que le maire affirme que les enfants mangeront dans la cantine, au mépris des recommandations pour éviter que de nombreux enfants fréquentent un même lieu, notamment celui où ils mangent.
L’application de toutes ces mesures demande du temps de préparation, d’organisation et d’harmonisation avec les services municipaux qui vont eux aussi devoir s’astreindre à un entretien inhabituel des locaux.
La décision de la municipalité de rouvrir les écoles est l’annonce d’un échec : celui de la mobilisation des services publics dont elle a la responsabilité, des expertises scientifiques et des ressources citoyennes dont notre ville est pourtant riche.
Notre crainte est que cela aboutisse à une recrudescence de l’épidémie dans notre ville, à commencer par le personnel éducatif. Pour les parents, pour les enseignants, pour les Marseillais qui s’inquiètent, la Mairie doit faire preuve de transparence.
Nous voulons une présentation précise, école par école des plans mis en place, des conclusions des conseils d’école, du personnel disponible pour faire appliquer ses mesures.
Nous prenons aujourd’hui la parole pour en appeler à la responsabilité de tous et nous permettre de retrouver la confiance dans les institutions et la sérénité dont nous avons besoin.